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August 1, 2025
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oct 2, 1270 - Les croisés attaquent le camp hafside, pillent et tuent

Description:

Le 2 octobre 1270, l’armée de France sortit en ordre de bataille complet. Les fantassins, archers et arbalétriers prirent la position la plus avancée, suivis des chevaliers regroupés en “batailles” selon les affiliations familiales, seigneuriales et régionales. Pierre, comte d’Alençon, accompagné d’un contingent de chevaliers hospitaliers, resta derrière pour protéger le camp des croisés. Des cors retentirent, l’oriflamme fut hissée, et l’armée avança en bon ordre vers les soldats hafsides qui étaient sortis pour voir ce qui se passait.

Face aux rangs massés des croisés, les Hafsides revinrent à leur tactique traditionnelle d’al-karr wa-l-farr, avance et retrait. S’ils pouvaient attirer les croisés dans une charge en désordre, les “batailles” franques bien formées se briseraient et les groupes de cavalerie plus petits pourraient être encerclés, isolés et attaqués. Étant donné que les croisés avaient déjà vu cette tactique plusieurs fois, les Hafsides laissèrent des dépouilles pour inciter leurs adversaires à rompre la formation afin de les récupérer. Charles connaissait également al-karr wa-l-farr : il l’avait utilisée contre Conradin lors de la bataille de Tagliacozzo deux ans plus tôt. Le cri passa le long des lignes pour maintenir la formation et continuer l’avancée vers le camp hafside.

Les Tunisiens se trouvèrent alors confrontés à un choix difficile. Ils pouvaient défendre le camp, qui était chargé de bois, de matériel militaire, de nourriture, et de nombreux malades et blessés. Le risque était de subir de lourdes pertes en combattant de près contre la lourde cavalerie française, soutenue par des tirs d’arbalète. S’ils perdaient leur armée en essayant de sauver le camp, seules les murailles de Tunis resteraient pour protéger la ville, tandis que les banlieues seraient exposées à la conquête. Pour préserver les soldats encore capables de combattre, Yahya b. Salih al-Hintati les retira au-delà du camp, le cédant aux croisés.

Charles et Philippe III avaient maintenant leur propre décision à prendre. S’ils poursuivaient l’armée hafside au-delà du camp, ils pourraient l’encercler et la détruire, ouvrant la voie à la conquête de Tunis. Mais continuer la poursuite comportait des risques. Ils ne connaissaient pas le terrain et craignaient qu’il ne soit semblable à celui autour du camp de Carthage, parsemé de puits dangereux, de grottes et de cachettes où l’ennemi pouvait attendre en embuscade. Ensuite, il y avait la question de savoir si les chevaliers et les fantassins les suivraient au-delà du camp, qu’ils souhaitaient piller. La croisade n’avait encore enrichi personne. Carthage avait été une déception à cet égard, ne fournissant que de l’orge et rien d’autre. Le camp hafside pouvait finalement offrir une partie de la légendaire richesse de Tunis. Au-delà de ces questions tactiques se trouvait une réalité stratégique plus vaste : Charles ne voulait pas conquérir Tunis. Quelles que soient les motivations de Philippe III et de ses barons, Charles restait déterminé à régler ses comptes avec al-Mustansir. Dans une lettre à Mathieu de Vendôme, abbé de Saint-Denis et co-régent de France, Pierre de Condé décrivit l’approche de Charles concernant la campagne comme une continuation de ses précédentes négociations avec l’émir :

“Le roi de Sicile avait demandé à nos barons au début de la guerre de ne pas menacer le roi de Tunis jusqu’à ce qu’ils aient reçu son [Charles’s] message. Je crois que cela était dû à des discussions sur la paix entre [al-Mustansir] et [Charles] et sur le tribut qui devait à nouveau être perçu du roi de Tunis… Ces discussions avaient été suspendues depuis un certain temps, et notre armée avait envahi le royaume de Tunis. Une fois Charles rejoint notre armée, et ayant trouvé son frère mort, il décida qu’il acquérirait par la violence ce qu’il avait précédemment recherché par la négociation.”

En permettant aux croisés de piller, Charles pouvait préserver le prix plus important de Tunis, son commerce avec la Sicile et son argent de tribut pour lui-même.

Libérant des semaines de frustration, les chevaliers et fantassins français se jetèrent sur le camp hafside. Ils prirent tout ce qui était comestible, y compris de la farine, des vaches et des moutons, abattirent les tentes et pavillons, et tuèrent les malades là où ils se trouvaient. Une fois tout ce qui avait de la valeur emporté, ils rassemblèrent les tissus, les piquets de tente et le bois, placèrent les cadavres des soldats hafsides qu’ils avaient tués au sommet de la pile, et mirent le tout en feu. Ensuite, ils marchèrent de retour vers leur propre camp près de Carthage. Les Tunisiens étaient outrés par le massacre de leurs compagnons malades et offensés que leurs cadavres aient été incinérés en violation des normes islamiques.

Charles annonça la victoire du 2 octobre 1270 dans une lettre triomphante à Pierre de Montbrun, chambellan de la Sainte Siège. Il célébra comment les croisés avaient “mis à feu et à sang” le quartier général tunisien et déclara que “nous et notre neveu [c’est-à-dire Philippe III], ensemble avec toute l’armée chrétienne, avons l’intention de mettre le siège autour de la ville de Tunis et de ses Sarrazins, espérant en Dieu, pour la louange de qui cette affaire a été commencée, qu’une fin très souhaitable sera accomplie pour ces mêmes Sarrazins.” La dernière clause était une merveille d’exposition prudente, qui impliquait mais ne déclarait pas directement que la victoire permettrait à Charles de détruire Tunis. En fait, la bataille du 2 octobre marqua un tournant différent pour la croisade. Des deux côtés, l’accent fut mis sur la fin du conflit.

Source : The Tunis crusade of 1270 ; A Mediterranean History - Michael Lower

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Date:

oct 2, 1270
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