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August 1, 2025
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aug 25, 1270 - Mort de Louis IX et arrivée de Charles d'Anjou

Description:

Les conditions dans le camp des croisés à l’extérieur de Carthage étaient propices à l’éclosion de diverses maladies bactériennes. De nombreuses personnes vivaient dans un espace relativement confiné et les tentes offraient peu de protection contre la chaleur estivale. L’accès à des aliments frais était limité. Les 2 et 3 août, Louis envoya des demandes de fournitures à la Sardaigne et à la Sicile. Les croisés furent soulagés lorsqu’un envoi de porcs et de poules arriva de Sicile le 10, bien que les pénuries demeurassent sévères. La politique de confinement des soldats dans le camp n’aidait pas. Ceux qui se sentaient moins contraints par l’interdiction du roi partaient en expéditions de pillage pour se procurer de la nourriture. Le 14 août, une centaine de marins génois, dirigés par quatre chevaliers catalans, se rendirent dans un abattoir tunisien, où ils volèrent soixante-dix vaches et quarante veaux. Le bétail était le bienvenu, mais ce n’était pas suffisant. L’approvisionnement en eau restait également un problème. Au fur et à mesure que la campagne se prolongeait, les cadavres d’humains et d’animaux se retrouvaient dans les rivières, les puits et les lacs voisins, polluant l’eau potable. Al-Khazandari attribuait les problèmes des croisés à du haschisch dans l’eau. Pourquoi était-il là ? Même lui ne pouvait l’expliquer.

Au début d’août, le fils du roi, Jean Tristan, tomba malade. Il fut descendu des tentes vers les navires, mais ne réussit pas à se rétablir et mourut le 3 août. Son corps fut traité de manière typique pour les nobles français de l’époque. La chair fut bouillie et les os furent empaquetés avec des aromates pour le transfert en France. Né dans la douleur lors de la première croisade de son père (d’où son surnom, Tristan), Jean mourut dans des circonstances similaires lors de la deuxième croisade du roi. Mais Louis ne reçut pas immédiatement la nouvelle déchirante, car il était lui-même tombé malade la nuit précédente, avec un autre fils, Philippe. Cela laissa le troisième frère royal, Pierre, comte d’Alençon, face à un choix douloureux : devait-il dire à son père et à son frère ce qui s’était passé, risquant d’endanger davantage leur santé ? Ou devait-il les tromper jusqu’à ce qu’ils commencent à se remettre ? Pierre opta pour le secret. Une semaine passa, et le roi commença à se sentir un peu mieux. Il demanda à son confesseur, Geoffroy de Beaulieu, comment allait Jean. Louis devenait suspicieux et s’inquiétait pour son fils. Plutôt que de répondre, Geoffroy se mit à pleurer. Après s’être finalement repris, il annonça la vérité au roi.

Le rythme de l’épidémie s’accéléra. Le légat pontifical était décédé le 7 août ; l’archidiacre de Paris succomba le 20 ; le maréchal, Gautier de Nemours, et le comte de Vendôme, le 23. Beaucoup d’autres moururent dans les semaines suivantes, dont Thibaut de Navarre, sa femme Isabelle, Pierre le Chambellan et Alphonse de Brienne. Les mêmes maladies qui dévastaient le camp des croisés frappèrent également Tunis, entraînant de nombreux décès parmi les soldats et les civils de la ville. Sidi ʿAmmar, le shaykh qui avait répondu à l’appel à la jihad d’al-Mustansir, mourut dans le camp hafside. Sa tombe demeura un site de vénération populaire jusqu’au vingtième siècle.

La guérison de Louis le 10 août s’avéra temporaire. Dans la nuit du 23 août, ses médecins crurent qu’il ne vivrait pas jusqu’au matin. À minuit, il reçut les derniers sacrements de Geoffroy de Beaulieu. Le lendemain, cependant, sa fièvre recula un peu. Il reçut fréquemment l’Eucharistie et pria à haute voix Saint-Denis (patron de la France), Sainte-Geneviève (patronne de Paris) et Saint Jacques (patron des pèlerins). Il était allongé sur un lit recouvert de cendres, un signe de pénitence. Une croix massive était placée devant lui. Alors que la fièvre revenait, il remuait les lèvres pendant que ses confesseurs récitaient les prières, mais aucun son ne sortait. Les intimes autour de son lit de mort s’efforçaient d’entendre ses derniers mots. Étaient-ce des prières à Saint Jacques ? (“Seigneur, sois le gardien et le sanctificateur de ton peuple”) ; ou à Saint-Denis ? (“Accorde-nous, nous te le demandons, pour l’amour de ton amour, de mépriser le succès mondain et de ne craindre aucun de ses malheurs”) ; ou un verset des psaumes ? (“J’irai dans ta maison, je m’inclinerai vers ton saint temple et je donnerai gloire à ton nom”) ; ou simplement “Ô Jérusalem, ô Jérusalem” ? Il mourut le 25 août 1270, vers trois heures du matin. Son fils Philippe trouva du réconfort en réalisant qu’il était mort “à l’heure même où le Seigneur Jésus-Christ, le fils de Dieu, rendit son dernier souffle en mourant sur la croix pour la vie du monde.”

Peu avant la mort de Louis, une galère était apparue dans le port de Tunis. Le capitaine du bateau annonça aux chambellans du roi que Charles d’Anjou débarquerait plus tard dans la journée. Après tant de retards et d’hésitations, Charles avait enfin rejoint la croisade, alors que la mort de son frère approchait et que son rêve d’une grande croisade avait été anéanti. Lorsque les chambellans apportèrent la nouvelle à Louis, il ouvrit les yeux et sourit. Souriait-il en attendant de voir son frère, ou à cause du timing de la visite ? Quelques heures plus tard, Charles débarqua. Primat pensait qu’il était à environ un tiers de lieue (peut-être environ un mile) du camp lorsque Louis décéda. Charles visita son frère Alphonse et son neveu Philippe, qui était encore malade. Puis il entra dans le pavillon royal et vit le corps de Louis. Il tomba à terre et embrassa ses pieds, les larmes aux yeux. Après que ses hommes l’eurent aidé à se relever, il essuya les signes de son chagrin avec une serviette. Composant son visage en un masque de commandement, il sortit dans le camp. La croisade qui l’inquiétait depuis des années était désormais entre ses mains.

Source : The Tunis crusade of 1270 ; A Mediterranean History - Michael Lower

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Date:

aug 25, 1270
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