jul 13, 1270 - Louis IX annonce Tunis comme cible de la VIII ème croisade
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Le 2 juillet 1270, avec les navires génois enfin disponibles, le Montjoie leva l’ancre avec le roi Louis IX à bord. Trois jours plus tard, Charles effectua la traversée de Naples à Messine, sur des galères équipées de rameurs qu’il avait dû emprunter en Provence.
Les frères agissaient toujours de concert, mais suivaient un nouveau plan. Le 10 juillet, le Montjoie et une grande partie de la flotte croisée débarquèrent à Cagliari, sur la côte sud de la Sardaigne. Lors d’un conseil de guerre qui s’y tint les 12 et 13 juillet 1270, Louis annonça publiquement pour la première fois que Tunis était la cible de la croisade. Le 14, Charles établit sa cour à Palerme. Pour l’instant, il ne fit aucun mouvement pour rejoindre l’expédition.
Les soldats de Louis furent choqués lorsqu’ils réalisèrent où ils se dirigeaient. Jusqu’alors, le roi avait maintenu le secret opérationnel. Même Baybars, avec son réseau de renseignement inégalé, n’avait pas pu découvrir la destination de la croisade. Ses espions avaient entendu des rumeurs selon lesquelles une grande expédition se préparait entre les marchands échangeant entre Alexandrie et Crète, mais ces marchands ne pouvaient pas spécifier la cible.
Les marins génois qui accompagnaient le roi furent surpris de découvrir qu’ils partaient en croisade contre un partenaire commercial majeur. Beaucoup de Génois étaient si certains que la flotte se dirigeait vers le Levant qu’ils avaient rédigé des lettres de change à honorer en Syrie. Le légat, Raoul Grosparmi, cardinal-bishop d’Albano, dut rassurer les croisés en leur disant qu’ils n’abrogeaient pas leurs vœux d’aider la Terre Sainte en se rendant à Tunis à la place.
La diversion fut un double choc, provoqué par le secret entourant la décision, certes, mais aussi par l’étrangeté du choix. Il est plus facile d’expliquer le secret que l’étrangeté. Tout d’abord, la décision n’impliquait que Charles, Louis et leurs conseillers les plus proches. Les frères avaient coordonné leurs efforts de près pendant les préparatifs de la croisade au printemps et au début de l’été 1270. Les autres membres de la coalition anti-Mamlouk — Aragon, Gênes, Byzance et l’Ilkhanat — avaient été exclus de ce cercle intime. Le réalignement diplomatique initié par Charles avec Baybars et par al-Mustansir avec Louis avait eu son effet. Deuxièmement, le choix a été fait tardivement. Charles n’a modifié sa planification pour la croisade qu’entre le 16 et le 19 juin 1270. En laissant suffisamment de temps à Louis et Charles pour communiquer entre Aigues-Mortes et Naples, nous pouvons situer la diversion entre mi-mai et début juin 1270.
Prendre la décision à la dernière minute et sans consultation externe a permis à Louis et Charles de maintenir l’élément de surprise. Leur choix de cible a également contribué à cet effet : peu de gens à l’époque voyaient un lien entre Tunis et la lutte entre l’Égypte mamelouke et les États croisés.
Source : The Tunis crusade of 1270 ; A Mediterranean History - Michael Lower
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