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August 1, 2025
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jun 14, 1255 - Recours Hafside à une garde de mercenaires chrétiens

Description:

La garde mercenaire d’al-Mustansir apparaît pour la première fois dans les années 1250, lorsque des documents mentionnent Guillem Moncada, un noble catalan qui en fut le premier commandant (qaʾid dans les sources arabes, alcayt en catalan). Il arriva à Tunis en 1257 à la tête de soixante-dix chevaliers de la Couronne d’Aragon. Le trésor hafside payait à chaque chevalier un salaire mensuel allant de 45 à 90 bezants d’argent, tandis que le qaʾid recevait entre 2 000 et 3 000. Nous ne connaissons pas le nombre exact de chevaliers dans la garde. Mais même en supposant qu’ils n’étaient pas plus que les soixante-dix amenés par Guillem Moncada en 1257, et en prenant en compte l’échelle salariale la plus basse, on arrive à une facture salariale annuelle de 61 800 bezants d’argent pour le seul contingent catalan. Le total réel était probablement plus élevé car d’autres Européens, comme Enrique et Federico de Castille, servaient également dans la garde.

La structure salariale de la garde offrait à la Couronne d’Aragon une part du salaire de chaque chevalier catalano-aragonais, probablement en compensation pour leur absence du royaume. La couronne percevait 15 bezants d’argent par mois pour chaque chevalier et jusqu’à 1 000 par mois pour le qaʾid. En se basant sur l’estimation de soixante-dix chevaliers, cela représentait une somme impressionnante d’argent liquide circulant de Tunis à Barcelone : environ 24 600 bezants d’argent par an.

Ces hommes de guerre européens fournissaient à al-Mustansir une force militaire indépendante des réseaux de pouvoir locaux. Contrairement à un shaykh almohade ou bédouin, un capitaine mercenaire était uniquement lié au souverain, et la différence religieuse garantissait qu’il ne pouvait jamais réellement supplanter le dirigeant et prendre le pouvoir. Il pouvait être l’influence derrière le trône, mais jamais le pouvoir en personne. De plus, les mercenaires européens conservant des liens avec leurs pays d’origine, ils pouvaient servir d’intermédiaires diplomatiques. De bien des façons, la garde mercenaire ouvrait le régime hafside à des influences extérieures comme jamais auparavant. Elle introduisait des chrétiens européens à la cour, en proximité physique avec le souverain ; elle nécessitait des relations diplomatiques avec la Couronne d’Aragon, car certains soldats étaient recrutés via un arrangement contractuel avec le roi Jaume I ; et elle mettait suffisamment à mal le trésor pour qu’al-Mustansir continue de promouvoir le commerce extérieur générateur de revenus.

Source : The Tunis crusade of 1270 ; A Mediterranean History - Michael Lower

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Date:

jun 14, 1255
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