may 9, 1962 - George Martin offre un contrat aux Beatles.
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La suite d’événements qui mène les Beatles à Abbey Road est fascinante. Au printemps 1962, George Martin traverse une période trouble chez EMI. Producteur discret mais ambitieux, il se sent sous-évalué au sein de Parlophone, un sous-label peu prestigieux malgré ses succès dans les disques d’humour et de musique classique. Sa liaison avec sa secrétaire déplaît à ses supérieurs, et il ose en plus demander des redevances de royalties sur les disques qu’il produit.
Pendant ce temps, Brian Epstein fait le tour des labels avec les bandes de l’audition Decca sous le bras. Un certain Syd Coleman, responsable de la maison d’édition musicale Ardmore & Beechwood (filiale d’EMI), manifeste de l’intérêt : il veut mettre la main sur les droits des chansons Lennon/McCartney. Mais Brian refuse, il cherche un vrai contrat d’enregistrement, pas un simple accord d’édition. Coleman insiste, jusqu’à convaincre EMI de signer ce petit groupe de Liverpool. Il aura ses droits d'éditions, et EMI y voit l'occasion de refiler le dossier à George Martin. Une corvée, pensent certains cadres, et un test. Si les Beatles échouent, ce sera le fiasco de Martin… et un prétexte tout trouvé pour l’écarter.
Brian rencontre George Martin le 13 février 1962 pour lui faire écouter les bandes de l'audition Decca. À une époque où l’industrie londonienne snobait tout ce qui venait des provinces, l’idée qu’un groupe de Liverpool puisse réussir semblait absurde. Martin n’est pas impressionné par les arrangements maladroits et le choix des chansons, mais quelque chose l’intrigue. Un potentiel vocal rare, une énergie brute, une étincelle. Il remarque surtout la voix de McCartney, plus commerciale que les autres. Avec la pression du label, il finit par accepter de les signer. Six mois après avoir vu les Beatles pour la première fois au Cavern Club, Brian obtient enfin un contrat. Standard, pour quatre ans, et peu avantageux. Les Beatles n’en garderont que des miettes, dont 15 % pour Brian, en tant que manager. Peu importe, tout ce qu'ils veulent pour le moment c’est juste de jouer de la musique. Ils le font 8h par jour si il faut. Ce ne sont que des jeunes début vingtaine, donc quand un véritable ''adulte'' leur dit ‘’signez ici pour enregistrer un album’’ ils n’ont pas hésité. Mais avant qu’ils n’atteignent un statut d’artistes accomplis et libres, ils devront traverser la presse à cash qui exploitera leur génie musical, un cirque qui ne commençera vraiment qu'en 1963.
La première session est fixée au 6 juin. Encore à Hambourg, les Beatles n’ont qu’un mois pour se préparer. Ils composent ou révisent quelques chansons, dont ‘’Love Me Do’’, une vieille idée de Paul qu’ils retravaillent à la hâte. EMI ne le sait pas encore, mais ce petit groupe provincial qu’on croyait inoffensif va bientôt redéfinir l’industrie musicale. Et George Martin, qu’on pensait piéger, deviendra l’un des grands architectes de la révolution pop des années 60.
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