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August 1, 2025
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jun 15, 1227 - Rébellion du faux-prophète Abu at-Tawajin

Description:

Le personnage si décrié est étroitement lié au cycle légendaire du saint patron du Nord marocain, Mulay Abdeslam Ibn Masis). Les sources traitant de l'un et de l'autre sont tardives.

Selon Ibn Khaldun, Abu at-Tawajin serait le fils d'un spécialiste de « magie naturelle », originaire de Qsar Kutama, l'actuel Qsar el Kabir. Mais il agit sur- tout dans les environs de Sabta. De son vrai nom, Muhammad Ibn Muhammad al-Kutamï, il doit son surnom à son intérêt pour l'alchimie: Abu at-Tawajin «l'homme aux marmites ». S'étant déclaré prophète en 625 (1227-1228), il est combattu, ainsi que ses partisans, par la garnison de Sabta et finit par être assas- siné. Prophète attardé à une époque où les rebelles se prétendent Mahdis, cette figure tant controversée, reste d'autant plus insaisissable que la période est fertile en rebelles de tous poils. Le rejet officiel de la doctrine d'Ibn Tumart par le Calife al-Mamu a provoqué une crise morale dont la portée demeure difficile à évaluer actuellement.

La légende fait d'Abu at-Tawajin un charlatan et sa mémoire est de nos jours encore l'objet de malédiction en tant qu'instigateur du meurtre d'Ibn MaSis. Mais ce meurtre vrai ou supposé, masque peut-être des conaits régionaux pour une suprématie spirituelle à une époque où la sainteté, en voie d'organisation confrérique, commence à jouer un rôle prépondérant.

Source : FAUX PROPHÈTES ET MAHDIS DANS LE MAROC MÉDIÉVAL - Halima Ferhat

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Ibn Ḫaldūn évoque un « faux prophète » magicien, tardif, en la personne d’Abū l-Ṭawāğīn Muḥammad b. Muḥammad al-Kitamī, qui se révolta en 625/1228. Il « se donna pour prophète, publia une nouvelle loi religieuse, et séduisit une foule de gens par ses prestiges et tours d’adresse ». Cependant, il est également le fils d’un homme qui « avait mené une vie retirée, s’occupant principalement de magie naturelle, science qu’il enseigna à son fils ». Al-Kitāmī aurait prétendu pratiquer l’alchimie.

Nous avons donc ici encore une fois la mention d’un autre membre de sa famille versé dans des sciences occultes. La « magie naturelle » et la « vie retirée » suggèrent que son père est plutôt perçu comme un ascète, voire un mystique. Cette révolte d’al-Kitamī survient après la bataille de Las Navas de Tolosa (ḥiṣn al-ʿiqāb, 609/1212) contre une coalition de principautés chrétiennes, signalant le début d’une période de faiblesse militaire de la dynastie almohade, un contexte particulièrement favorable au développement de courants séditieux.

Celle-ci n’a cependant pas eu de conséquences durables d’un point de vue politique. En réalité, elle a marqué l’histoire dans la mesure où Abū l-Ṭawāğīn aurait fait assassiner le mystique ʿAbd al-Salām b. Mašīš (m. 625/1227-1228), et l’histoire de notre magicien est demeurée indéfectiblement liée à celle du saint. On peut donc mettre en rapport cette anecdote de l’ouvrage d’Ibn Ḫaldūn avec la théorie de ce dernier sur la magie, qu’il oppose systématiquement au miracle dans la Muqaddima : le magicien est l’opposé du saint.

Source : SORCELLERIE BERBÈRE, ANTIQUES TALISMANS ET SAINTS PROTECTEURS AU MAGHREB MÉDIÉVAL - Jean-Charles Coulon

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Date:

jun 15, 1227
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