33
/
AIzaSyAYiBZKx7MnpbEhh9jyipgxe19OcubqV5w
August 1, 2025
9567937
714007
2

jun 15, 360 - Naissance de Martianus Capella

Description:

La vie de Martianus Capella n'est connue que par quelques allusions tirées de son œuvre, les Noces de Philologie et de Mercure, mais celles-ci sont rédigées dans un style si obscur et les manuscrits sont tellement corrompus que les interprétations en sont incertaines1. Il dit de son livre que c'est une senilem fabulam, soit un récit rédigé dans sa vieillesse, et le dédie à son fils Martianus. Il se désigne sous le nom de Felix ou Felix Capella. Selon divers manuscrits, son nom complet serait Martianus Minneius Felix Capella. Fulgence et Cassiodore l'appellent Felix Capella, tandis que Grégoire de Tours le nomme « notre Martianus », nom que lui donneront aussi Jean Scot Érigène et Rémy d'Auxerre.

Probablement né à Carthagen, il y a certainement été éduqué et y a passé la plus grande partie de sa vie ainsi que l'atteste l'adjectif Afer Carthaginensis (« Africain de Carthage ») qui suit le nom de l'auteur dans la plupart des titres et des souscriptions des manuscrits. Cette origine est confirmée par le texte lui-même : dans les derniers vers de l'œuvre, qui servent en quelque sorte de signature, Martianus met en scène la divinité allégorique Satura, qui représente le genre littéraire de la Satire Ménippée et censée lui avoir inspiré tout ce récit ; Satura dresse alors une sorte de portrait de Martianus, dans lequel elle déclare : « toi que vit grandir l'heureuse cité d'Elissa ». Or, Elissa est le nom phénicien de Didon, mythique reine de Carthage.

Les chercheurs sont divisés sur les dates où il a vécu. L'interprétation de deux indices textuels semble permettre de donner un intervalle assez précis pour la datation du livre. Le livre VI évoque la grandeur passée de Rome (« Rome elle-même, capitale du monde, lorsqu'elle tenait sa force de ses armes, de ses héros et de ses rites, méritait d'être élevée aux cieux par des louanges », 6,637), et la prospérité présente de Carthage (« Carthage, réputée jadis pour sa puissance militaire, et à présent célèbre pour sa prospérité » -felicitas, 6,669): ces deux aspects ont conduit les spécialistes contemporains à estimer que le livre a été rédigé entre 410 (prise de Rome par Alaric Ier) et 439 (invasion de Carthage par les Vandales). Il est exclu que l'ouvrage ait été rédigé après 4395. Une preuve supplémentaire est une souscription, présente dans plusieurs manuscrits, qui indique que le texte a été révisé par Securus Melior Felix (dont on connaît par ailleurs l'activité philologique) en 534.

La profession de l'auteur est également incertaine. L'hypothèse qui consiste à faire de Martianus un proconsul de Carthage (à partir d'un vers au texte peu sûr) ne semble pas devoir être retenue. En revanche, dans le portrait plein d'ironie que dresse Satura, Martianus se plaît à se présenter comme un avocat sans grand succès, qui « déverse dans les procès ses aboiements de chien », qui ne tire aucun profit de ses plaintes contre ses voisins (des gardiens de bœufs), et qui « sous l'effet de la fatigue, peine à garder les yeux ouverts » (§ 577). À l'appui de cette hypothèse, Stahl invoque le fait que l'auteur utilise à l'occasion un vocabulaire technique quasi juridique.
Outre la question des dates, la question de la religion de Martianus a fait couler beaucoup d'encre. Certains se sont appuyés sur une mention de Martianus par Grégoire de Tours (qui le cite comme Martianus noster) pour affirmer que Martianus était chrétien. Toutefois, on peut repérer dans l'ensemble du texte de Martianus tout un réseau de détails permettant de faire de Martianus un représentant de ce que Pierre de Labriolle a appelé, dans un ouvrage désormais classique, la « réaction païenne ». De fait, Martianus semble très influencé par un néoplatonisme marqué par une tendance au mysticisme et aux pratiques théurgiques et magiques (dans la lignée de ce que l'on trouve par exemple chez Jamblique), et l'ascension de Philologie de la Terre à la Voie lactée, présentée dans le livre II, semble reproduire les étapes d'une initiation aux mystères. L'intérêt porté par Martianus à l'etrusca disciplina confirme par ailleurs cette hypothèse (le recours à l'antique religion étrusque constituait en effet, dans l'antiquité tardive, un moyen de résister contre le triomphe du christianisme). On peut donc voir en Martianus un adepte du mysticisme, et d'une forme d'« hermétisme platonisant » intimement lié à la « réaction païenne » du ve siècle.

Stahl reconnaît que Martianus utilise parfois une terminologie néoplatonicienne, mais il ne croit pas qu'on puisse en conclure que l'auteur était un adepte de cette doctrine, car celle-ci était la seule philosophie païenne en vigueur dans le dernier siècle de l'Empire romain et il lui semble impossible qu'un compilateur travaillant sur les sujets couverts par ce livre aurait pu éviter totalement le vocabulaire néoplatonicien.

Added to timeline:

Date:

jun 15, 360
Now
~ 1666 years ago