jun 15, 1199 - Un Almohade dissident se déclare indépendant à Mahdiya

Description:

La ville de Qābis avait été réoccupée par les Almohades après la défaite de Qarāqūsh. Le gouverneur almohade de l’Ifrīqiya, Abū Saʿīd b. Abī Ḥafṣ, nomma un certain Ibn Tāfrājīn comme son adjoint. Yaḥyā b. Ghāniya marcha vers Qābis et adressa une lettre à ses habitants, les menaçant du même sort que Tripoli s’ils n’ouvraient pas les portes à son armée. Lorsque les défenseurs ne répondirent pas, il mit Qābis sous siège et ravagea la campagne environnante, abattant tous les palmiers dattiers, sauf un, qu’il laissa debout comme rappel. Les défenseurs de Qābis finirent par se rendre en 591/1194, à condition de payer 60 000 dinars en tributs. En retour, Yaḥyā permit à Ibn Tāfrājīn et à sa famille de partir par mer.

À cette époque, la position almohade en Ifrīqiya était sérieusement affaiblie par des désaccords internes parmi la direction. Comme mentionné précédemment, le gouverneur de l’Ifrīqiya était Abū Saʿīd b. Abī Ḥafṣ. Les forces militaires de la province étaient commandées par un certain Muḥammad b. ʿAbd al-Karīm al-Rajrājī. Ce dernier était de la tribu zanātī de Kūmiya, la tribu du calife ʿAbd al-Muʾmin. Ses ancêtres faisaient partie d’un groupe de tribus berbères du Maghrib connu sous le nom de jund (milice) qui avait été établi en Ifrīqiya par les Almohades afin de défendre la province et de tenir les Banū Sulaym en échec. Al-Rajrājī avait connu un grand succès dans la soumission des tribus arabes et la pacification de la campagne, un exploit qui lui avait valu la popularité auprès des citadins.

Un conflit surgit lorsque Abū Saʿīd nomma son frère, Abū ʿAlī Yūnus b. Abī Ḥafṣ, comme gouverneur adjoint à al-Mahdīya. Al-Rajrājī et ses hommes s’étaient accoutumés à jouir de grandes quantités de butin et de tributs qu’ils extorquaient des tribus arabes, mais maintenant Abū ʿAlī exigeait une part du tribut qu’al-Rajrājī collectait. Lorsque ce dernier refusa, Abū ʿAlī l’emprisonna et l’humilia. Cela provoqua un tollé parmi les habitants qui considéraient al-Rajrājī comme un héros, et finalement Abū Saʿīd intervint pour obtenir sa libération et son retour à son commandement. Al-Rajrājī et ses soldats étaient déterminés à se venger de ceux qui les avaient maltraités. Ils lancèrent une attaque surprise contre al-Mahdīya et capturèrent Abū ʿAlī en 595/1199. Abū ʿAlī fut libéré après l’intercession de ses proches et le paiement d’une rançon de 500 dinars d’or. Une fois qu’il eut fermement pris possession d’al-Mahdīya, al-Rajrājī proclama sa révolte contre les Almohades et prit le titre d’al-Mutawakkil ʿalā Allāh.

Source : Saladin, the Almohads and the Banü Ghaniya - The Contest for North Africa (12th and 13th Centuries) - Amar S. Baadj

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L’Empire almohade se trouve alors en difficulté et ce message adressé aux autorités de Pise est en même temps une mise en garde et une menace. Quand le nouveau calife almohade al-Nasir arriva au pouvoir, en 1199, toute l’Ifriqiya, sauf Tunis et Constantine, obéissait en effet à Yahya b. Ghaniya (r. 1071-1147), héritier du pouvoir almoravide, qui, depuis sa base arrière des Baléares, était parvenu dès la fin du X I I e siècle à s’emparer de territoires importants du Maghreb oriental.

Au même moment, à Mahdiya, un almohade dissident, Muhammad b. ‘Abd al-Karim (mentionné dans la lettre), profitant de l’affaiblissement de l’autorité almohade dans cette périphérie orientale de l’empire, se déclarait indépendant et prenait le surnom de règne de al-Mutawakkil. Ce contexte de fragilité politique est la conséquence de la priorité longtemps accordée par le calife al-Mansur au versant ibérique des frontières de l’empire. Le nouveau calife al-Nasir tourne dorénavant ses regards vers les provinces orientales de son empire : il rétablit l’ordre en Ifriqiya, renouvelle les accords avec les villes italiennes et conquiert les Baléares en 1203.

Source : La langue berbère à l’époque almohade - Coord. par Yannick Lintz, Claire Déléry, Bulle Tuil

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