may 15, 1206 - Introduction des Hafsides en Ifriqiya pour lutter contre les Banu Ghaniya

Description:

Al-Nāṣir et ses conseillers craignaient que Yaḥyā ne revienne ravager l’Ifrīqiya dès que le calife quitterait cette province orientale. Il décida donc de nommer un vice-roi semi-indépendant doté de larges pouvoirs pour garantir la stabilité et la défense de l’Ifrīqiya. Son choix se porta sur Abū Muḥammad b. Abī Ḥafṣ, le vainqueur de Tājrā et fils d’Abū Ḥafṣ ʿUmar b. Yaḥyā al-Hintātī. Ce dernier avait été l’un des compagnons les plus distingués d’Ibn Tūmart, ainsi qu’un général et conseiller de confiance du calife ʿAbd al-Muʾmin. La famille hafside, qui descendait de lui, continua de jouer un rôle important dans l’État almohade. Comme le note Rouighi, la nomination d’un Hafsid au poste de gouverneur de l’Ifrīqiya marquait un changement significatif dans la politique almohade. Auparavant, ce poste sensible avait été réservé aux membres immédiats de la famille régnante. Al-Ghannāy souligne que c’était la première fois que les Almohades accordaient une province entière en tant qu’iqṭāʿ héréditaire à l’une des grandes familles nobles. Cela illustre l’ampleur des difficultés rencontrées par les Almohades pour gouverner et défendre l’Ifrīqiya, située à la périphérie est du califat.

Abū Muḥammad b. Abī Ḥafṣ refusa d’abord, craignant que sa nomination ne soit une tentative de l’éloigner de la cour califale à Marrakech. Al-Nāṣir le supplia d’accepter le poste, lui assurant qu’il ne trouverait pas d’autre candidat digne de ce nom. Abū Muḥammad accepta sous trois conditions : que sa nomination ne dure pas plus longtemps que le temps nécessaire pour écraser les Banū Ghāniya, qu’il soit autorisé à choisir ses soldats et sa suite, et qu’il ait pleine autorité sur tous les gouverneurs adjoints en Ifrīqiya avec le droit de les conserver ou de les renvoyer à sa convenance. Le calife accepta volontiers ces conditions, mais comme nous le verrons, Abū Muḥammad finit par rester en Ifrīqiya jusqu’à sa mort, bien au-delà de la limite de trois ans qu’il s’était initialement fixée. Au printemps de 604/1207, al-Nāṣir retourna vers l’ouest. Avant son départ, les habitants de Tunis avaient demandé au calife de rester plus longtemps car ils avaient toujours peur de Yaḥyā b. Ghāniya. Le calife présenta Abū Muḥammad à la foule assemblée et leur assura que le nouveau gouverneur était son représentant personnel, soigneusement choisi pour ses vertus, apaisant ainsi leurs craintes.

Source : Saladin, the Almohads and the Banü Ghaniya - The Contest for North Africa (12th and 13th Centuries) - Amar S. Baadj

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