apr 15, 544 - Les Maures s'emparent d'Hadrumète (Sousse)
Description:
Les Frexes d’Antalas et les autres tribus des montagnes algéro-tunisiennes poursuivent la lutte jusqu’à obtenir réparation ou être vaincus. Au cours de l’année 544, les Maures d’Antalas et les soldats mutinés ralliés à Stotzas s’emparent par ruse de la ville d’Hadrumète (Adramètos en grec, l’actuelle Sousse). Ils emploient un vieux stratagème : celui de la fausse patrouille. Sous la menace, le duc de Byzacène, Himérios, est contraint de ramener à Hadrumète une colonne de faux prisonniers maures, enchaînés, escortés par des soldats romano-byzantins complices. Une fois la porte de la ville ouverte, les hommes d’Antalas et de Stotzas n’ont aucune difficulté à prendre le contrôle de la cité.
Lorsqu’ils apprennent que la flotte censée libérer la ville n’était en réalité qu’un ramassis de petites embarcations avec des pêcheurs déguisés en soldats, ils conçoivent un profond ressentiment envers les habitants d’Hadrumète, qu’ils avaient jusque-là pillés mais épargnés.
Les Maures se lancent alors dans des massacres pour laver cet affront. L’un des effets de leurs raids est la dépopulation de l’Afrique romaine, notamment de ses colons dits « libyens » — une expression désignant à la fois les Puniques, les Maures romanisés et les colons romains. Procope décrit cette stratégie de dépopulation de la manière suivante :
« Les Maures se mirent à lancer des raids partout et commirent à l’égard de la population de Libye des actes scandaleux, sans épargner aucune catégorie d’âge, au point que les campagnes furent vidées de leurs habitants. Car les Libyens qui échappèrent aux rebelles se réfugièrent dans les villes, en Sicile ou dans les autres îles. »
De son côté, Corippe fait exprimer au général Jean Troglita son affliction devant la dépopulation des campagnes et des villes :
« Il s’affligea des villes abandonnées par leurs citoyens, déplora que leurs maisons vides aient été renversées. »
Cette situation entraîne une désorganisation du système foncier, avec une concentration des richesses entre les mains des survivants, et une tendance à épouser les riches veuves pour capter leurs biens.
Les Maures d’Antalas sont assistés dans ces massacres par les déserteurs de Stotzas. Selon Procope, ils seraient « pas moins d’un millier », répartis comme suit : environ 500 Romains, 80 Huns, et tout le reste composé de Vandales.
Il serait toutefois anachronique de voir dans les rébellions des Maures une lutte anticoloniale. Une fois que le massacre et le pillage cessent d’être profitables, les chefs maures sont toujours prêts à s’impliquer dans les intrigues des gouverneurs romano-byzantins, et à se diviser entre eux pour satisfaire leurs ambitions personnelles.
Source : La pacification de l’Afrique byzantine 534 - 546 - Philippe RICHARDOT
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