jun 15, 1792 - Occupation algérienne du Rif Oriental

Description:

L’Occupation du Rif Oriental (1792–1795)

L’occupation du Rif oriental, également connue sous le nom de « prise du Rif », eut lieu en 1792. Elle fut menée par le bey d’Oran, Mohamed el-Kebir, qui chercha à s’emparer de cette région du nord du Maroc. Officiellement, l’opération visait à sécuriser les routes commerciales et les échanges des négociants. En réalité, il s’agissait d’une tentative d’extension de son autorité et de l’influence de la Régence d’Alger.

Contexte historique

Depuis la fin du XVIIe siècle, l’Empire ottoman, à travers la Régence d’Alger, cherchait à affirmer sa souveraineté sur le Maroc oriental, notamment autour de la ville d’Oujda. Ce dessein se manifesta déjà lors des affrontements entre le sultan marocain Ismaïl ben Chérif et le dey d’Alger Hadj Chabane.

À la fin du XVIIIe siècle, le Maroc sombra dans une période de troubles à la suite de la mort du sultan Mohammed ben Abdallah. La guerre de succession opposant ses fils — Hicham, Slimane et Yazid — fragilisa l’unité de l’Empire chérifien. Profitant de ce chaos, le bey d’Oran Mohamed el-Kebir, auréolé de son succès dans la libération d’Oran de l’occupation espagnole, entra sur le territoire marocain sous prétexte de préparer un siège contre Melilla. Il devint vite évident que ce projet militaire n’était qu’un prétexte à une incursion territoriale.

L’occupation et l’administration

En 1792, les troupes algériennes franchirent la frontière marocaine et prirent le contrôle du Rif oriental, incluant la ville d’Oujda. Pendant trois ans, cette région fut intégrée au beylik de l’Ouest, devenant officiellement une province de la Régence d’Alger.

Retrait algérien et reprise marocaine

En 1795, la Régence d’Alger évacua la région orientale du Rif et les territoires marocains qu’elle occupait, anticipant l’arrivée imminente d’une expédition militaire dépêchée par le sultan alaouite Moulay Slimane. Celui-ci avait donné des consignes précises à ses troupes : si les Ottomans quittaient Oujda d’eux-mêmes, il fallait y installer l’autorité marocaine et percevoir les impôts ; dans le cas contraire, il convenait de les expulser par la force.

Mohamed el-Kebir, informé de la mobilisation marocaine, ordonna le retrait immédiat des troupes algériennes. Il fit également parvenir à Moulay Slimane une lettre d’excuses, prétendant n’avoir occupé la région que dans le but de protéger les routes commerciales.

Conséquences

Aucune résistance ne fut opposée par la Régence d’Alger, et le territoire fut pacifiquement réintégré à l’Empire chérifien. La frontière entre les deux États fut définitivement fixée à l’oued Kiss.

Après cet épisode, ni Mohamed el-Kebir ni ses successeurs n’osèrent revenir dans le Rif oriental ou à Oujda, mettant ainsi un terme durable aux conflits territoriaux entre la Régence d’Alger et le Maroc.

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