jun 15, 1109 - Yusuf b. Tashfin ordonne l’autodafé d'Al Ghazali et initie la représsion contre les mystiques soufis
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À côté des pôles urbains du soufisme, Pierre Guichard a constaté que ces mouvements et les mystiques étaient bien reçus dans les zones rurales d’al-Andalus. La contestation du pouvoir almoravide semble ainsi avoir pris la forme d’un mysticisme populaire. En effet, les hagiographies véhiculaient souvent, de façon allégorique, un discours politique clair contre l’oppression et l’injustice, en mentionnant de nombreux miracles soufis qui auraient provoqué la mort de gouverneurs injustes ou corrompus.
La réaction du pouvoir almoravide ne se fit pas attendre, d’abord dirigée contre l’inspirateur oriental des soufis andalous, al-Ghazâlî. Ibn Tumlûs, écrivant à l’époque almohade, rapporte que les jurisconsultes se seraient présentés devant le prince almoravide pour lui conseiller de brûler les œuvres du penseur oriental, affirmant que ses écrits étaient presque capables de faire perdre la foi. Selon d’autres sources, c’est l’émir almoravide ‘Alî b. Yûsuf b. Tashfîn (1106-1143) qui aurait ordonné de lui-même, en 1109, l’autodafé de la Revivification des sciences religieuses, menaçant de mort et de confiscation de leurs biens ceux qui resteraient en possession d’ouvrages d’al-Ghazâlî.
Par la suite, la répression se resserra autour des mystiques. En 1141, l’émir almoravide fit arrêter Ibn Barrajân de Séville, Ibn al-‘Arîf d’Almería et al-Mayûrqî de Grenade, et les convoqua à Marrakech. Les deux derniers furent rapidement libérés, mais Ibn Barrajân fut exécuté. Ibn al-‘Arîf mourut cependant la même année au Maghreb, et al-Mayûrqî l’année suivante. Avec leur disparition s’éteignaient les trois plus grands représentants du soufisme d’al-Andalus. Cela laissait le champ libre à Ibn Qasî, qui devint, depuis l’Algarve, la figure centrale des mystiques d’al-Andalus, incarnant l’aile la plus radicale du mouvement.
L’avènement des Almohades marqua une rupture avec la politique almoravide. Ibn Tûmart, théoricien du mouvement almohade, revendiqua l’héritage d’al-Ghazâlî et encouragea une approche mystique, en opposition avec la répression menée par ses prédécesseurs.
Source : Histoire du Maghreb Medieval - XIè - XV è siècles - Pascal Buresi & Mehdi Ghouirgate
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