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August 1, 2025
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15 gen 1866 anni - Le Joueur, 1866 DOSTOIEVSKI

Descrizione:

Le personnage dostoïevskien :

≠ vu de l’extérieur par un auteur omniscient qui nous en ferait le portrait (cf. Zola)
> se révèle au lecteur par sa propre CONSCIENCE DE SOI : c’est en se regardant que le personnage prend conscience de son aspect et de son état, et le lecteur aussi
≠ image figée, définitive, objective
> vision INSTABLE, changeante, liée aux tourments intérieurs
= moderne
Image : // avec extrait Les Pauvres gens


Un être double/multiple

• remise en question de l’UNICITÉ DU MOI
• personnage ≠ cohérent, constant
• = DOUBLE, complexe, plein de contradictions
> nouvelle conception psychologique de l’homme


Un «homme sans qualités»

• cf. Robert Musil (Der Mann ohne Eigenschaften, 1930-1932)
=> personnage moderne :
≠ actant (élément fonctionnel dans le roman qui fait avancer l’action)
- conscience qui perçoit
- point de vue partiel ou altéré sur la réalité
- être de sensations et de langage (importance des dialogues)
- traversé par le monde extérieur

=> « sans qualités » = double sens :
- homme de rien (Alexeï, le précepteur, est en effet un homme qui ne compte pas)
- sans déterminations préétablies (L’auteur n’explique pas les raisons qui le font tomber dans la folie du jeu >< Zola aurait expliqué, par son caractère, par son passé, etc.) = libre face à ses choix. Ǝ force irrationnelle qui le dépasse


Quoi ?
• Le roman russe
• Une autre tradition romanesque
• bouscule les modèles français
• Un réalisme « intérieur »

Pourquoi ?
• Décentrement par rapport aux modèles européens
• Un nouveau type de personnage
• Une nouvelle conception de l’homme


1. Contexte
1.1. Un autre réalisme

• 1886 : parution d’un essai d’Eugène-Melchior de Vogüé (1848-1910), Le Roman russe
= recueil de 4 études respectivement consacrées à Tourgueniev (1818-1883), Dostoïevski (1821-1881), Gogol (1809-1852) et Tolstoï (1828-1910)
• auteur = diplomate français, attaché d’ambassade en Russie, où il apprendra la langue, et épouse une Russe
• essai = révélation pour les lecteurs français
(cf. il existait peu de livres sur la littérature russe, et surtout la littérature russe contemporaine, qui commençait alors tout juste à être traduite, Dostoïevski et Tolstoï en tête)
• ambition de cet essai ≠ informative > dimension polémique.
cf. pousser les auteurs français à remettre en question leurs propres modèles, en s’inspirant de ce qui se passe hors de leurs frontières.
• 1886 : moment où la formule naturaliste, jusque-là dominante, commence à être contestée cf. parutions :
- Les Illuminations de Rimbaud
- Le « Manifeste du symbolisme » de Jean Moréas, dans Le Figaro
• le livre de Vogüé = à l’origine d’une mode russe, dont témoigne le roman de Jean Lorrain, paru la même année : Très russe
• Vogüé fait partie des auteurs qui aspirent au CHANGEMENT : !! sans vouloir tout à fait tourner le dos au réalisme, ils aspirent à le renouveler, à le faire évoluer, à l’enrichir.
• L’essai paraît à un moment où nombre d’auteurs, lassés de la formule zolienne, veulent réintroduire dans le roman des préoccupations intellectuelles, spirituelles, philosophiques.
• Mais il s’agit aussi, en se tournant vers le roman russe, de relativiser les catégories romanesques françaises, alors dominantes
• Le « roman russe » >>> nouveau modèle pour les auteurs soucieux de faire autre chose que du naturalisme :
- exemple d’un roman réaliste, mais d’un réalisme tout autre
- ≠ réalisme « scientifique » comme le veut Zola
>>> réalisme plus profond :
> incorporation d’une matière philosophique ou d’idées
> introspection, exploration intérieure
> monde objectif -> univers subjectif
• cf. citation de Dostoïevski
« principalement russe » à cf. âme russe
« trouver l’homme dans l’homme » -> formule importante : il cherche à comprendre ce qui
fait un homme
refus d’enfermer l’âme humaine dans les cadres prédéfinis de la psychologie
« profondeurs de l’âme » : il plonge ses personnages dans des situations extrêmes pour révéler l’homme dans l’homme


1.2. L’auteur (Fiodor Mikhaïlovitch Dostoïevski)

• né en 1821 à Moscou, dans une famille aristocrate désargentée
• formation scientifique et technique à l’école militaire dans la perspective de devenir architecte
• ces études, imposées par son père, ne l’intéressent pas
• > passion pour la littérature, l’histoire et les langues
• 1844 : quitte l’armée p/ carrière des lettres
• toujours à court d’argent et criblé de dettes > sentiment de fascination / répulsion pour l’argent, passion pour le jeu (cf. Le Joueur)
• 1846 : Les Pauvres Gens

Exp.ce au bagne :
• inf.ce / auteurs socialistes (Proudhon, Fourier, etc.)
• refus de la censure, de l’autocratie
• ∈ cercle révolutionnaire socialiste utopiste
> 1849 : arrestation > menace d’« exécution » > 4 ans de bagne en Sibérie, d’où il ressort psychiquement ébranlé (cf. Souvenirs de la Maison des morts, 1862)
• épilepsie
• 1860: installation à St-Pétersbourg > rencontre avec Apollinaria Souslova (-> Paulina)

1862: voyages en Europe :
• fréquentation des villes d’eau et des casinos > passion du jeu
• dégoût pour l’Europe libérale et son matérialisme > rapprochement des courants slavophiles, prônant l’âme russe (cf. portrait des Français dans le roman)

Roulettenbourg :
• D. conçoit et nourrit l’idée du Joueur,
> ambition = dépeindre un NOUVEAU TYPE DE PERSONNAGE, «l’homme de trop», instable et déraciné
> à ce stade, le projet du roman s’intitule Roulettenbourg

Les écrits du sous-sol (1864) :
• D. réalise d’abord cette ambition de peindre un nouveau type de personnage
- nouveau type d’écriture à la 1ère personne
- locuteur qui dialogue avec des interlocuteurs imaginaires (voix) tout en intégrant leurs paroles (cf. importance du dialogue dans le processus d’écriture chez D.)

1866 : roman ambitieux, Crime et châtiment :
• cf. portrait de Raskolnikov
- nouveau type de personnage, homme libre, cherche à expérimenter sa liberté par le mal, en commettant un crime dont il s’attachera, après coup, à interroger les motivations
- c’est le personnage qui cherche à se comprendre, non l’auteur qui explique son geste

Le Joueur :
• rédaction interrompue par une nécessité brûlante (contraintes de l’éditeur de Dostoïevski, Stellovski)
• > pris par l’urgence, D. reprend l’idée du Joueur, qu’il dictera à une sténographe, Anna Snitkina, en 26 jours > le ms. sera déposé in extremis
(Cf. Alexandre Zarkhi : Vingt-six jours de la vie de Dostoïevski, 1980)

Autres romans :
- L’Idiot (1868-1869)
- Les Démons (= Les Possédés) (1871-1872)
- L’Adolescent (1876)
- Les Frères Karamazov (1880)

• décès en 1881


1.3. La réception critique de l’oeuvre de Dostoïevski

1°) la dimension nationaliste

louange de l’âme russe >< âme européenne (raison, matérialisme froid, esprit de calcul)
• Le Joueur incarne parfaitement cette « âme » passionnée, emportée, excessive qui tranche
avec la raison propre aux Allemands et aux Anglais
Ǝ volonté de se détacher des modèles littéraires occidentaux pour faire, en littérature, quelque chose de totalement nouveau et original
Ǝ volonté de créer des « personnalités jamais vues en littérature »

2°) la dimension prophétique et visionnaire

• prophète des angoisses et des idéologies du XXe s
cf. lecture de Milan Kundera
< la Révolution et le terrorisme (Les Démons)
< le culte du guide (surhomme) et les dérives totalitaires (Les Frères Karamazov)
< la révolte de l’homme face au monde absurde
(dimension moins présente dans Le Joueur)

3°) la dimension narrative

Nouveau type de personnage

>< Le modèle réaliste français :
- les personnages sont présentés par l’auteur dans un UNIVERS OBJECTIF, soigneusement décrit
- Gl.t l’auteur a une position de SURPLOMB sur ses personnages [narrateur omniscient]
- destin et déterminations qui expliquent le personnage (Zola)
- personnage conçu comme constant et cohérent (ex : chez Zola, toutes les considérations sociales, comportementales, physiques, morales ont pour but d’expliquer le personnage et son comportement)
- caractéristiques du personnage = UTILES pour l’action (actant)

Le roman dostoïevskien :
• l’auteur cherche à se situer AU MÊME NIVEAU que les personnages plutôt qu’au-dessus d’eux
• donner l’impression que ses personnages sont LIBRES face aux CHOIX qui se proposent à eux, et que ces choix procèdent non pas d’une décision de l’auteur mais d’un débat :
- INTERIEUR où le personnage dialogue en quelque sorte avec lui-même (les personnages dostoïevskiens sont des êtres tourmentés qui s’interrogent)
- CONFRONTATION entre le point de vue du personnage avec des points de vue différents du sien, d’autres interprétations du monde
=>Dostoïevski cherche donc à donner à ses personnages une certaine INDÉPENDANCE, une certaine autonomie.
[Cf. Alexeï règle son comportement en fonction de ce qu’il croit comprendre de Paulina (dont il ne comprend rien, en fait). Voir extrait.]
[Cf. importance des dialogues]
=> les personnages se découvrent à travers les dialogues et leurs points de vue, souvent opposés, sur la réalité
=> l’auteur se contente de donner à entendre ces différentes voix sans nécessairement nous dire, à nous lecteurs, laquelle serait la sienne ou à laquelle il faudrait accorder plus de crédit ou plus de confiance.
=> L’auteur se met donc en retrait
↔ le lecteur ne peut plus se fier aveuglément au narrateur, il doit s’engager en prenant position


2. Le texte
2.1 Résumé

2.2. Le personnage, « homme sans qualités »
2.2.1. Alexeï : Qui ou comment ?

question ≠ qui est-il?

- le personnage d’Alexeï ≠ composé d’éléments objectifs à signification unique, permettant de
répondre à la question « qui est-il ? » (= l’une des questions essentielles à laquelle les romanciers essaient en général de répondre en construisant leurs héros).
>< qualités prédéfinies qui orientent la compréhension du personnage (origine sociale,
physique, passé, caractère, etc.) > aucune détermination sociologique/physique/caractérielle n’est précisée
« homme sans qualités » prédéfinies qui orienteraient la compréhension du personnage
- seule « caractérisation » < conscience (changeante) que le personnage a de lui-même

Un être instable

- informations < manière dont le personnage se perçoit lui-même
- perception CHANGEANTE
- exaltation, sentiment de puissance
- sentiment de médiocrité, autodénigrement
- ≠ modèle du héros hors du commun, sublime
- = héros désenchanté, fragile, instable
- = identité fluctuante


2.2.2. Trouver « l’homme dans l’homme »

• idée d’INSTABILITÉ = fondamentale pour comprendre le personnage dostoïevskien
↔ idée que le comportement humain n’est jamais constant et ne peut donc être prédéfini
• le personnage n’évolue pas de manière linéaire et constante ; il peut procéder à des revirements à 180° (cf. extrait PP : le personnage est divisé, expérimente sa liberté // Raskolnikov)

Transgresser les conventions :
• selon Dostoïevski, ce qui est essentiellement humain dans l’homme se trouve dans un comportement qui outrepasse les limites du conventionnel : dans la perversité, le crime, la déviance, l’obsession, etc.
• > tendance à placer ses personnages dans des situations extrêmes
• !! les personnages ne sont aucunement présentés comme des fous mais bien comme des êtres normaux qui, dans certaines circonstances, peuvent révéler une faille, une déviance, une folie (cf. extrait : Alexeï et la provocation du baron allemand)
• le héros dostoïevskien donne l’impression de se lancer des défis, expériences douloureuses dont le but serait la CONNAISSANCE DE SOI
=> la traditionnelle question « qui suis-je ? » devient « De quoi suis-je capable ? »
• cf. extrait « un autre moi » : les multiples « retours sur soi » d’Alexeï qui relit ses notes avec un décalage temporel et ne se reconnaît plus, il a l’impression que les événements décrits ont été vécus par un autre que lui (ill. BD)

2.2.3. Un être complexe

• héros dostoïevskiens = tourmentés, révoltés, ébranlés par le doute négateur
≠ héros manichéens, « entiers »
≠ Werther qui, tout en étant un personnage complexe, est « tout d’une pièce » et chez qui la passion est constante
• cf. extrait : au moment où Alexeï veut confier à Mr. Astley la nature de ses relations avec Paulina, il se rend compte qu’il ne sait pas quoi en dire

• personnage ≠ pensé en terme d’unité > lieu d’un conflit, de pulsions et de désirs contradictoires :
« être qui se bat sur terre pour un idéal qui est contraire à sa nature »
• être inachevé, en construction
• liberté face aux choix (extrait : l’amour ou le jeu)

• // roman ≠ structure linéaire > structure dynamique (liée au conflit, non résolu en général, entre les personnages ou dans les personnages eux-mêmes) où tout peut arriver, tout est possible
- ≠ personnage expliqué par son passé (déterminisme du personnage naturaliste)
- personnage ancré dans le présent ou orienté vers le futur
- conflit entre, ou au sein des personnages
- personnage dostoïevskien = très moderne parce que le destin du personnage n’est pas fixé
- pas de message à la fin du roman (fin ouverte)

Aggiunto al nastro di tempo:

Data:

15 gen 1866 anni
Adesso
~ 159 years ago