13 giug 900 anni - Avènement approximatif de l'émirat des Aylâna d'Aghmat
Descrizione:
Lorsqu’Al Yakubi écrit sa description du Maghreb, les populations du Deren exerçaient le contrôle économique des plaines au revers nord de l’Atlas. Aghmat était, au début du Xe siècle, la principale ville commerciale de la région. Elle était située au point d’arrivée du commerce saharien en provenance, par les grands cols atlasiques, de Sijilmâsa, du Drâa et du Sous. Aghmat appartenait à une tribu du Deren, les Aylâna de l’Urîka, qui semblait, probablement avec les Nfis de la ville du même nom, dominer le système politique et économique régional. La ville et la tribu de Nfis étaient situées dans la vallée qui commandait le col atlasique du Tizi n’Test. Cette situation lui assurait le contrôle d’une grande partie du commerce avec le Sous. Les Nfis avaient constitué un petit émirat tribal qui était très lié au Sous. Leur environnement politique connut le même destin que les Aylâna. À une certaine époque, Nfis aurait eu un prince idrisside, Hamza ibn Jafâr, descendant de Obeyd Allah Ibn Idrid ibn Idrîs. Celui-ci aurait, selon Al Bakrî, donné son nom à un marché de Nfis, le souk Hamza.
La ville d’Aghmat comprenait deux emplacements séparés par quelques milles, Aghmat Aylâna et Aghmat Urika. La seconde abritait les étrangers qui n’étaient pas autorisés à séjourner dans la première. Aghmat appartenait aux Aylâna, fraction dominante de la tribu des Urika. Cette tribu commandait la vallée du col du Tichka. Avec les Nfis de la ville du même nom, Aghmat dominait le système politique et économique régional. Son chef, un Aylâna, était aussi le cheikh de toute la tribu des Urika, ainsi que celui des Herzedja. Al Bakrî, lorsqu’il parle d’Aghmat, nous dit « qu’autrefois cette ville était gouvernée par un conseil de cheikhs qui élisait chaque année le chef qui devait les présider ».
Al Bakrî, qui rend compte de la situation au début du XIe siècle, cite les villes d’Aghmat, Nfis, Chichaoua, Ouarzazate et deux ou trois autres lieux non identifiés. Les populations qu’il mentionne comprennent des noms de populations « masmoudiennes », les Urika, les Benî Maggus (une référence à leur passé païen), les Benî Yemas (?), les Hezerdja, des « Masmûda » et, par ailleurs, des populations sanhâjiennes, les « Sanhâja du Deren » et les Heskûra. Il nous parle également du marché et de la richesse agricole (vergers, oliviers, henné) du pays de Nfis ainsi que du ksar, des palmiers et du safran d’Aghmat. De la région de Marrakech, qui n’existait pas encore, il ne mentionne que les ruines que l’on y rencontrait.
La prévalence régionale d’Aghmat se maintint pendant tout le IXe et le Xe siècle. Elle ne la perdit qu’à la fin du Xe siècle lorsqu’elle fut conquise par les Maghrâwa. Aghmat avait un débouché maritime, Kûz, à l’embouchure du Tensift.
Al Idrisi, vers 1130-1140, c’est-à-dire vers la fin de la période almoravide, cite les villes de Marrakech, Nfis, Tinmel, Aghmat et Aghmat-Aylâna, « l’ancienne cité des Aylâna », des Masmoudiens, ainsi qu’une ville de Tiougin, semble-t-il dans le Drâa. Les populations qu’il énumère comprenaient des tribus masmoudiennes, Aylâna, Nfis, Aguenfis (Guenfisa), Zauda (Sawda), Idjar, Hezerdja, Wawzguit et six autres groupes dont les noms n’ont pas laissé de traces identifiables et, par ailleurs, des Sanhâjiens, Heskûra et Antifa. La vallée du Nfis et les montagnes environnantes se distinguaient par leurs oliveraies, leurs vergers, leurs villages fortifiés. Aghmat avait un ksar (citadelle), un marché important et des moulins hydrauliques. Marrakech se distinguait par les constructions de ses canaux d’irrigation souterrains, les khettaras, et par ses marchés.
Source : Les populations et les territoires du Maghreb du VIIe au XIe siècle (650-1050) - Grigori Lazarev
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