XI e siècle - Paix de Dieu (26 abr 1000 año – 20 sept 1100 año)

Descripción:

Mouvement conciliaire d’initiative épiscopale apparu dans la seconde moitié du X e siècle, dans le sud de la Gaule. Il s’explique par le contexte de déliquescence des structures carolingiennes et de violences qui marque les débuts de la “mutation féodale”. Partant d’idéaux de paix déjà formulés par l’Église carolingienne (paix à l’intérieur de l’Empire, guerre aux païens), les prélats des diocèses du centre de la Gaule (Auvergne, Limousin…) tentent de rétablir “la paix qui vaut mieux que tout”. Le mouvement de la Paix de Dieu est ainsi une réponse précoce aux violences, pillages et exactions auxquels se livrent les grands pour imposer leur “ban” et dont les victimes sont les Églises et surtout la paysannerie. Dans des assemblées réunies en plein champ, dans des lieux choisis volontairement pour leur très antique sociabilité populaire, avec grand renfort de reliques, les évêques font jurer solennellement la paix. Les assemblées se transforment véritablement en “conciles”, au sens juridique du terme, puisque leurs décisions sont consignées dans des canons de plus en plus élaborés, visant à protéger des opérations guerrières les personnes et les biens des inermes (sans armes) : clercs, paysans, marchands. La violation du serment entraîne des sanctions ecclésiastiques : anathème, excommunication. A cause des maux autour de l’An Mil, le mouvement atteint son paroxysme. Après une apparente accalmie, le mouvement reprend dans les années 1020 : à Vienne d’abord, ensuite en Bourgogne, à Verdun-sur-le-Doubs dans le diocèse de Chalon (1021) où apparaissent les premières formules de limitation des violences dans le temps (prémices de la Trêve de Dieu).
Alors que Cluny récupère le mouvement dans le Midi, la diffusion se fait simultanément dans le nord du royaume. Le mouvement dispose alors du soutien de la haute noblesse et surtout du roi, Robert le Pieux, qui sous l’influence de l’abbé de Cluny, Odilon de Mercœur. Dans les années 1030-1040, la Paix de Dieu se double de la Trêve de Dieu, à l’instigation d’Odilon de Cluny. Il s’agit de prescrire une suspension des hostilités entre bellatores durant certaines périodes de l’année ; la guerre ne sera plus autorisée que 80 jours répartis tout au long de l’année. Les ducs et comtes retrouvent assez de pouvoir pour reprendre en main le mouvement de paix : en 1047, en Normandie, la paix de Dieu devient la paix du duc, en 1064 en Catalogne, la paix du comte…Durant la première moitié du XII e siècle, le roi reprend en main le domaine royal et dans le cadre de cette restauration de l’autorité royale Louis VII récupère l’institution de paix en 1155 : la paix de Dieu devient la paix du roi, qui désormais garantit la protection des inermes.

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