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April 1, 2024
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21 jul 824 ano - Insurrection menée par le jund et émiettement du territoire

Descrição:

Plutôt que « la révolte », on devrait dire « les révoltes » du jund, car les dissidences qui agitent les éléments militaires durant ces années, avec des prolongements plus locaux et de moindre intensité jusqu’en 218 H./833 J.-C., manifestent beaucoup de divisions et d’antagonismes entre leurs promoteurs. Le premier « fauteur de troubles » fut un chef arabe qaysite originaire de Kasserine, ‘Amr b. Mu‘âwiya, qui s’étant révolté dans cette région du centre-ouest de l’actuelle Tunisie, fut exécuté par l’émir Ziyâdat Allâh Ier de façon humiliante. Un autre haut personnage arabe (il a été gouverneur de Tripoli) de même origine qaysite, Mansûr b. Nasr al-Jushamî, mu par la ‘asabiyya tribale contre le premier émir aghlabide (qui appartenait à la tribu de Tamîm, d’une autre branche des Arabes du Nord) et prétextant l’affront fait au jund, appela alors ce dernier à la révolte contre l’émir, depuis le « château » ou domaine de Tunbudha qu’il possédait à une quinzaine de kilomètres au sud de Tunis. Celui-ci vaut à son propriétaire d’être connu sous le nom de al-Tunbudhî.

En 209 H./824 J.C. il prend le contrôle de Tunis et en fait exécuter le gouverneur, un parent de l’émir. Il remporte ensuite une victoire sur une armée aghlabide près de Tunis (21 juillet 824), puis, en septembre, va installer son quartier-général aux abords de Kairouan qui, après des hésitations, se rallie à son parti. Mais en octobre de la même année 209 (jumada II 209 H.) une défaite face aux forces permanentes de l’émir, installé quant à lui dans sa résidence palatine d’al-‘Abbasiyya, l’oblige à se replier sur Tunis, laissant apparaître au premier plan, comme têtes visibles de la dissidence du jund, d’autres chefs, en premier lieu ‘Amir b. Nâfî‘ al-Muslî, d’une prestigieuse famille de la tribu yéménite qahtanide de Madhhij, qui agit depuis Sbîba. Le fait que celui-ci ait remporté près de cette ville sur une armée aghlabide un succès important en mai 825 (muharram 210), n’empêche pas Mansûr al-Tunbudhî de réapparaître un moment au premier plan au cours de cette même année : d’une part, après ce succès de Sbiba c’est lui qui semble avoir garanti l’évacuation sans dommage des familles arabes des jund/s qui résidaient à Kairouan, et c’est aussi de 210 (qui va du 24 avril 825 au 12 avril 826), que date le seul dirham connu au nom de Mansûr b. Nasr.

Mais l’unité relative du jund ne résiste pas à ce que M. Talbi présente comme la réapparition des vieilles rivalités, plutôt confuses et difficiles à interpréter, entre Arabes « du Nord » ou Qaysites, et Arabes « du Sud », Yéménites ou « Adnanites ». Mansûr b. Nasr al-Tunbudhî est finalement capturé et exécuté sur ordre de son rival ‘Amir b. Nafî‘ à la fin de 211 ou au début de 212 (qui commence le 2 avril 827). Un chef dont l’appartenance tribale est peu claire, ‘Abd al-Salâm b. al-Mufarrij al-Raba‘î, qui s’est imposé à Béja sur ce fonds d’oppositions à l’émir qui se combinent avec des rivalités internes au jund, prend la succession de Mansûr al-Tunbudhî comme opposant à ‘Amir b. Nafî‘, mais ces conflits internes désormais anarchiques et apparemment localisés n’empêchent pas l’émir d’engager en juin 827 les moyens militaires
ifrîqiyens dans la conquête de la Sicile, qui va désormais occuper l’attention, alors que les troubles provoqués par le jund ne semblent plus guère présenter de danger pour la dynastie, et s’éteignent complètement dans les années qui suivent.

Dans le long récit qu’il fait de cette crise ifrîqiyenne dont le moment culminant a lieu durant ses premières années, en 824-826, c’est-à-dire entre 208 et 211, et qui met en scène essentiellement des chefs de l’aristocratie arabe, Mohamed Talbi ne cesse de marquer les faits qui témoignent de la fragmentation politique provoquée par ces dissidences locales.
Celles-ci apparaissent en particulier à la suite de la défaite aghlabide de la sebkha de Tunis en juillet 824 (Rabî‘ I 209), moment où « pour un temps très court il est vrai, le pays se hérissa d’autant de seigneuries qu’il comptait de citadelles de quelque importance. Béja (Vaga), le Cap Bon, Satfûra (Hippo Diarrhytus-Bizerte), Monastir (Ruspina), al-Urbus (Laribus) et tant d’autres villes qu’Ibn al-Athîr nous dit passer volontairement sous silence, tombèrent entre les mains des capitaines qui avaient choisi la déroute à la bataille de la sebkha de Tunis ».

Il ne s’agit pas d’étudier ici cet émiettement du pays, mais seulement de dessiner les très grandes lignes de cette crise politique qui, durant une brève période, conduit à une fragmentation politique dont M. Talbi, qui l’analyse en détail, souligne qu’elle aurait pu logiquement conduire à une sorte de « féodalisation », mais que celle-ci, faute d’un tel « modèle » socio-politique à reproduire, n’eut pas lieu.

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38 minutos atrás

Data:

21 jul 824 ano
Agora
~ 1200 years ago