15 jun 408 ano - Séisme à Utique
Descrição:
Une source médiévale, le Chronicon sive Chronographia de Sigebert de Gembloux (vers 1030–1111), mentionne pour l’année 410 un séisme à Utique : Uticae terra septem diebus mugitum dedit (« À Utique, la terre a grondé pendant sept jours. »). La date est en réalité erronée de deux ans, car Sigebert y place aussi la mort d’Arcadius, décédé en 408. Il affirme utiliser la Chronique de Prosper d’Aquitaine comme source jusqu’en 457 (ou plutôt jusqu’en 455, compte tenu du décalage). L’édition de la chronique dans les Monumenta Germaniae Historica précise que la mention du séisme d’Utique vient de Prosper, mais en réalité, elle provient de la Chronica Gallica de 452, longtemps attribuée à Prosper. Cette chronique affirme, en 410 (donc en fait 408) : Uticae in foro Traiani terra diebus septem mugitum dedit (« À Utique, au forum de Trajan, la terre a grondé pendant sept jours. »)
Au cours des fouilles menées entre 2010 et 2016 par l’équipe Oxford-INP à Utique, le Forum de Trajan a été identifié comme un vaste complexe s’ouvrant vers le sud de la ville, composé d’un temple entouré d’un portique sur trois côtés et dominant une rue portiquée. Au nord se dressait une grande basilique, en ruine jusqu’au XIXe siècle, dont les blocs furent ensuite récupérés pour les fours à chaux locaux. Toutefois, les colonnes massives de granite, inutiles pour la chaux car déjà brisées, restent dispersées sur le site, réemployées dans les murs médiévaux. Il est probable que leur chute, peut-être lors du séisme mentionné plus haut, soit à l’origine de ces dommages.
D’autres indices archéologiques suggèrent un séisme à l’époque tardive, peut-être aussi un autre à l’époque impériale. La Maison du Grand Oecus, l’une des résidences privées les plus élaborées près du forum, s’est effondrée au début du Ve siècle. Les fouilles récentes y ont révélé une épaisse couche d’effondrement en pisé scellant des couches de matériaux datant du début du Ve siècle, incluant l’effondrement d’une pièce dont le sol en mosaïque de l’étage supérieur s’est affaissé directement sur celui du rez-de-chaussée (comme dans une maison à Ptolémaïs). Un mur s’est même brisé en deux, la partie supérieure étant parfaitement conservée dans les couches de destruction. L’événement marque l’abandon de la maison, fait rare aussi tôt en Afrique du Nord. Un séisme est l’hypothèse la plus probable, l’absence de reconstruction traduisant peut-être le déclin d’Utique, dont le port naturel commençait à s’ensabler (le site se trouve aujourd’hui à plus de 10 km de la mer).
Un autre indice pourrait révéler un séisme antérieur : une large fissure traversant le bassin ornemental du péristyle de la maison du Grand Oecus, affectant à la fois le sol et les murs. Cette fissure linéaire semble peu compatible avec un simple affaissement, contrairement au dallage en opus sectile du site. Elle pourrait indiquer un autre séisme, peut-être celui autour de 365. Quoi qu’il en soit, le bassin fut réparé, et la mosaïque rapiécée, prouvant que l’événement est antérieur à l’abandon de la maison.
Source : Terra septem diebus mugitum dedit:
North African Earthquakes Revisited - Elizabeth Fentress & Andrew Wilson
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