15 jun 1113 ano - Expédition Pisaine et Barcelonaise aux îles Baléares
Descrição:
En 1114, une expédition vers les îles Baléares, alors taifa musulmane, fut lancée sous la forme d’une croisade. Issue d’un traité conclu en 1113 entre la République de Pise et Ramon Berenguer III, comte de Barcelone, l’expédition bénéficiait du soutien du pape Pascal II et de la participation de nombreux seigneurs catalans et occitans, ainsi que de contingents venus d’Italie du Nord et du Centre, de Sardaigne et de Corse. Les croisés furent peut-être inspirés par l’attaque menée par le roi norvégien Sigurd Ier sur Formentera en 1108 ou 1109 lors de la croisade norvégienne. L’expédition se solda en 1115 par la conquête des Baléares, mais cette victoire fut de courte durée : les îles furent reprises dès l’année suivante.
En 1085, le pape Grégoire VII avait accordé la suzeraineté sur les Baléares à Pise. En septembre 1113, une flotte pisane en route pour Majorque fut déviée de sa trajectoire par une tempête et accosta près de Blanes, sur la côte catalane, qu’elle prit d’abord pour les Baléares. Les Pisans rencontrèrent le comte de Barcelone dans le port de Sant Feliu de Guíxols, où ils signèrent, le 7 septembre, un traité causa corroborandae societatis et amicitiae (« pour renforcer [leur] alliance et amitié »). Ce traité exemptait spécifiquement les Pisans de l’usagium et du jus naufragii dans tous les territoires, présents et futurs, du comte de Barcelone. Arles et Saint-Gilles, dans la Marche de Provence récemment acquise, y étaient mentionnés à trois reprises de manière particulière.
La seule copie survivante du traité entre Pise et Barcelone est insérée dans une charte de Jacques Ier accordée à Pise en 1233. Le document affirme que la rencontre était imprévue et apparemment ordonnée par Dieu. Certains chercheurs ont exprimé des doutes quant à cette absence de préparation, soulignant la réponse rapide des Catalans à la présence des Pisans comme indice d’un contact préalable. L’attribution de cette rencontre à la seule Providence aurait pu être inventée afin de conférer une « aura de sacralité » à l’alliance et à la croisade.
Le traité, ou ce qu’il en reste, ne fait pas mention de coopération militaire ni d’un projet contre Majorque ; peut-être l’accord était-il oral, ou peut-être son enregistrement a-t-il été perdu. Quoi qu’il en soit, une croisade fut bien planifiée pour 1114. L’objectif principal était la libération des captifs chrétiens et la suppression de la piraterie musulmane. La majorité de la flotte pisane retourna à Pise, mais certains navires endommagés par la tempête restèrent sur place pour être réparés, et quelques hommes demeurèrent pour construire des engins de siège.
Au printemps 1114, une nouvelle flotte de quatre-vingts navires arriva de Pise, longeant la côte française, avec une halte à Marseille. Cette flotte amenait avec elle le cardinal Bosone, envoyé de Pascal II, qui soutenait vigoureusement l’expédition, l’ayant autorisée dès 1113 par une bulle. Pascal avait également accordé aux Pisans les Romana signa, sedis apostolicae vexillum (« l’étendard romain, le drapeau du siège apostolique »), et ses appels avaient porté leurs fruits. Outre les 300 navires du contingent pisan, on comptait 120 vaisseaux catalans et occitans (ainsi qu’une grande armée), des contingents venus des cités italiennes de Florence, Lucques, Pistoia, Rome, Sienne et Volterra, ainsi que de Sardaigne et de Corse, sous le commandement de Saltaro, fils de Constantin Ier de Logudoro. Parmi les princes catalans figuraient Ramon Berenguer, Hug II d’Empúries et Ramon Folc II de Cardona. La plupart des grands seigneurs d’Occitanie y participèrent, à l’exception du comte de Toulouse, Alphonse Jourdain : Guillaume V de Montpellier avec vingt navires ; Aimeric II de Narbonne avec vingt navires ; et Raymond Ier de Baux avec sept navires. Bernard Aton IV, chef de la famille Trencavel, participa également. Ramon Berenguer et son épouse Douce empruntèrent 100 morabatins à Ramon Guillem, évêque de Barcelone, pour financer l’expédition.
La flotte croisée attaqua Ibiza en juin et détruisit ses défenses, car l’île, située entre Majorque et le continent, aurait représenté une menace persistante pendant un siège. Le Liber maiolichinus rapporte également la capture de prisonniers, qui tentaient de se cacher dans des careae (probablement des grottes), sur Formentera. Ibiza était sous contrôle croisé en août. Les croisés mirent le siège devant Palma de Majorque en août 1114. Alors que le siège s’éternisait, les comtes de Barcelone et d’Empúries entamèrent des négociations de paix avec le souverain musulman de Majorque, mais le cardinal et Pietro Moriconi, archevêque de Pise, intervinrent pour y mettre un terme. Il est probable que les dirigeants catalans, dont les terres étaient les plus proches des Baléares, espéraient obtenir un paiement annuel de parias (tribut) de la part des musulmans et la cessation des raids pirates en échange de la levée du siège.
Des renforts musulmans, Almoravides venus du port ibérique de Denia, surprirent une flottille pisane de six navires au large d’Ibiza, dont seulement deux réussirent à atteindre un refuge : les restes d’une forteresse incendiée par le roi de Norvège une décennie plus tôt. En avril 1115, la ville capitula et toute sa population fut réduite en esclavage. Cette victoire fut suivie de la prise de la plupart des grandes localités des Baléares et de la libération d’un grand nombre de captifs chrétiens. Le souverain musulman indépendant des îles fut emmené captif à Pise. La plus grande victoire fut cependant la destruction de la piraterie majorquine.
La conquête des Baléares ne dura que quelques mois. En 1115, elles furent reconquises par les Almoravides de la péninsule Ibérique.
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