15 mars 1183 - Qaraqush exile Ibn Qarātikīn

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Pendant que Qarāqūsh menait campagne en Ifrīqiya, des rumeurs circulaient à Tripoli affirmant qu’il était mort. Ibn Qarātikīn décida alors d’attaquer Umm al-ʿIzz, la citadelle située dans le Jabal Nafūsa, où Qarāqūsh avait placé sa famille et ses richesses avant de partir pour l’Ifrīqiya. La citadelle était défendue par une petite garnison sous le commandement de Ḥusām al-Baqsh, l’un des officiers les plus fidèles de Qarāqūsh. Ibn Qarātikīn s’en empara sans grande difficulté et emprisonna Ḥusām ainsi que les proches de Qarāqūsh dans une de ses forteresses.

Qarāqūsh apprit cet événement par hasard après la chute d’al-Sikka, où ses soldats découvrirent une correspondance almohade mentionnant la prise d’Umm al-ʿIzz et la capture de sa famille. Il réunit aussitôt ses amirs et se précipita vers Tripoli. En chemin, il rencontra les Zughb, anciens alliés d’Ibn Qarātikīn, désormais installés près de Qābis dans le sud-est de la Tunisie. Ces derniers décidèrent de soutenir Qarāqūsh, ce qui poussa Ḥamīd b. Jāriya et le contingent d’Arabes Dabbābī à quitter Qarāqūsh, étant ennemis irréconciliables des Zughb.

Lorsque Qarāqūsh atteignit le Jabal Nafūsa, Ibn Qarātikīn refusa de livrer bataille et s’enfuit de forteresse en forteresse. Il se réfugia finalement dans une imposante forteresse appelée Tinzalt, située au milieu d’un grand wādī et réputée imprenable. Les flèches et pierres lancées depuis les hauteurs du wādī n’atteignaient jamais les murs de la citadelle. Les ingénieurs de Qarāqūsh travaillèrent sans relâche pour construire de nouvelles catapultes à plus grande portée. Finalement, ils réussirent à lancer une pierre au centre de la forteresse. En voyant cela, Ibn Qarātikīn comprit qu’il n’y avait plus d’espoir de résistance et envoya des messagers pour négocier sa reddition, demandant à être conduit sain et sauf à Tripoli d’où il embarquerait vers l’Égypte. Qarāqūsh avait l’intention d’accepter cette demande puis de le tuer ensuite, mais ses soldats turcs s’y opposèrent et le forcèrent à jurer sur la vie de son seigneur, l’Ayyoubide Taqī al-Dīn, qu’il ne ferait aucun mal à Ibn Qarātikīn. Il céda et Ibn Qarātikīn fut escorté jusqu’à Tripoli par soixante cavaliers.

À ce moment-là, un chef local nommé Rāfiʿ b. Maṭrūḥ gouvernait encore Tripoli au nom des Almohades. Il convainquit Ibn Qarātikīn de servir plutôt le calife almohade au lieu de retourner en Égypte. Ibn Qarātikīn se rendit d’abord à Tunis, où il fut honorablement reçu par le gouverneur almohade de l’Ifrīqiya, ʿAbd al-Wāḥid, avant de poursuivre son voyage vers la cour du calife à Marrakech.

Source : Saladin, the Almohads and the Banü Ghaniya - The Contest for North Africa (12th and 13th Centuries) - Amar S. Baadj

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