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November 1, 2025
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1 janv. 1784 - Raids vénitiens sur Tunis (1784 – 1786)

Description:

Les bombardements vénitiens du Beylik de Tunis furent une série d’attaques navales de la capitale et de divers ports tunisiens par la marine vénitienne, menées dans le but de forcer le bey Hammuda ibn Ali à reprendre le traité protégeant la navigation sous pavillon vénitien contre les attaques des pirates barbaresques. La campagne débuta en 1784 et dura jusqu’en 1786, avec l’amiral Angelo Emo à la tête de l’expédition. Le conflit se prolongea jusqu’en 1792, mais aucune opération navale majeure n’eut lieu après l’hiver 1786/87.

La guerre éclata entre le Beylik de Tunis et la République de Venise après qu’un navire marchand vénitien chargé de marchandises provenant de la côte barbaresque fut brûlé par les autorités de Malte en raison de la présence de la peste. Le bey exigea une compensation, qui lui fut refusée, ainsi qu’une augmentation du tribut annuel, également rejetée. Il déclara alors la guerre à Venise. Une escadre vénitienne sous le commandement d’Andrea Querini était déjà sur place pour surveiller la flotte tunisienne, mais cela se révéla insuffisant. Les Vénitiens nommèrent alors le prestigieux amiral Angelo Emo comme Capitano Straordinario delle Navi et lui confièrent la conduite de la guerre.

La flotte d’Emo quitta Venise le 21 juin 1784 en direction de Corfou, où elle fut rejointe par d’autres navires. En raison d’une épidémie de peste à Spalato, les ports de Dalmatie étaient en quarantaine, et Emo ne put mouiller à Cattaro qu’en août. On y fit des essais de tir avec les mortiers lourds des bombes, révélant des faiblesses dans leurs supports.

Le 12 août, la flotte mit le cap sur Tunis avec les vaisseaux Fama (60 canons), Forza (70), Concordia (66) et Palma (40), les chébecs Cupido et Nettuno, les bombes Distruzione et Polonia, et le galiote Esploratore. Elle passa la Sicile le 18 août, Malte le 26, et atteignit la baie de Tunis le 30. Un violent mauvais temps immobilisa l’escadre durant trois jours. Le 3 septembre, les Vénitiens reprirent une tartane napolitaine capturée par les pirates.

Emo laissa ce navire sous la garde de la Forza et du Nettuno en mission de blocus, puis remonta vers le cap Farina. Quelques jours plus tard, il se rendit en Sardaigne pour se ravitailler, puis, le 25 septembre, rejoignit la flotte. Il jeta l’ancre devant Sousse le 1er octobre. Le mauvais temps retarda les opérations, mais du 5 au 7 octobre, la ville fut bombardée. Les attaques furent interrompues pour cause de dégâts sur les mortiers, puis reprises brièvement le 12.

Après cette action, Emo se rendit à Tripoli, où il fut bien accueilli. Les navires-bombes partirent en réparation à Trapani. Le capitaine de la Forza, Alessandro Mora, mourut de septicémie après une blessure reçue à Sousse. Lors de l’entrée dans le port de Trapani le 19 novembre, une tempête coula la Forza, sans grandes pertes humaines.

En janvier 1785, les chébecs prirent à nouveau la mer pour Tunis, mais le Nettuno, endommagé près de Palerme, dut rentrer. Le Cupido retourna à Trapani, puis repartit en février avec de nouvelles pièces. Le 11 février, Emo mit les voiles pour Malte avec le Fama, la Concordia et la Palma. Il revint à Trapani le 22 mars, et le 6 avril, l’ensemble de la flotte repartit. La Concordia et la Distruzione étaient au large de La Goulette le 13 avril, le reste suivit le 17. Un échec diplomatique les força à repartir le 1er mai.

Ces opérations causèrent d’importants dégâts matériels et pertes humaines, tout en confinant la flotte de corsaires tunisienne dans ses ports. Les bombardements nocturnes, semblables à des feux d’artifice, fascinèrent l’Europe et contribuèrent à la renommée d’Emo. Cependant, il devint clair que détruire des villes secondaires ne suffirait pas à forcer Tunis à négocier. Emo demanda une force expéditionnaire de 10 000 hommes pour prendre Tunis, mais le Sénat vénitien refusa, préférant payer les tributs plutôt qu’engager des campagnes longues et coûteuses.

Le Sénat décida alors de ne laisser qu’une petite force sur place pour protéger le commerce et intercepter les navires ennemis, rappelant le gros de la flotte. On craignait un nouveau conflit russo-ottoman, susceptible de troubler les eaux grecques. Emo quitta Malte le 18 mars 1787, atteignit Corfou le 6 avril, tandis que ses navires-bombes avaient déjà regagné Venise. Condulmer resta avec la Sirena et deux frégates de transport, la Pallade et la Venere.

Le départ d’Emo mit fin au conflit. Condulmer patrouilla encore cinq ans, capturant quelques navires, mais l’essentiel de la flotte tunisienne resta inactive. Fin 1787, son escadre comprenait la Sirena, la Pallade, la frégate légère Brillante et le Cupido. Des embarcations tunisiennes sortirent parfois, et Condulmer reçut des galiotes à rames pour les contrer.

En 1790, bien qu’Emo ait été nommé Provveditore Generale da Mar, le Sénat ne lui confia pas de nouvelle mission contre Tunis, préférant une politique de paix en pleine Révolution française. Craignant que son tempérament offensif ne nuise aux négociations, le commandement fut confié à Condulmer, devenu Capitano delle Navi.

En 1791, le gouvernement vénitien décida d’une dernière démonstration de force, réunissant les escadres d’Emo et de Condulmer à Favignana (Sicile) en août. La flotte comprenait les vaisseaux de ligne Vittoria (navire amiral), Eolo, San Giorgio, Galatea, les frégates Fama, Minerva, Palma, Brillante, Bellona, Medusa, les frégates de transport Pallade et Cavalier Angelo, trois goélettes, trois cutters, deux chébecs, neuf galiotes et huit canonnières. Condulmer repartit vers Tunis le 28 août, suivi par Emo début septembre. Ils croisèrent au large des côtes tunisiennes depuis Favignana, en attendant la fin des négociations.

Le 1er décembre, toute la flotte entra à Malte pour l’hiver. Emo, malade depuis longtemps, y mourut le 1er mars 1792.

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Date:

1 janv. 1784
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~ Il y a 241 ans