15 juin 21 av. J.-C. - Triomphe romain de Sempronius Atratinus en Afrique
Description:
Au plan militaire, il faut bien remarquer que, durant tout le principat d’Auguste, aucune tentative n’eut lieu, dans le nord de la province, y compris dans la Numidie et l’ancienne Africa Noua, pourtant si remuantes au temps de Jugurtha, pour secouer l’autorité de Rome. C’est dans les zones méridionales que se produisirent des tumultes. Dion Cassius explique ainsi les causes des hostilités : « Irrités contre Juba et se refusant à obéir aux Romains, (les Gétules) se soulevèrent contre leur roi, ravagèrent les pays voisins et tuèrent un grand nombre de Romains qui firent campagne contre eux ». Deux interprétations sont possibles. La première est « maximaliste » et étendrait les hostilités à l’ensemble du royaume de Juba II. Les Maures se seraient élevés contre la modification du statut politique de la Maurétanie en 25. M. Rachet admet cette hostilité générale des Maures à la politique proromaine de Juba, et à son gouvernement qui n’était en fait qu’« un protectorat à peine déguisé ».
Comme, de 33 à 25, la Maurétanie avait été placée sous l’administration directe de Rome, tout se passerait donc comme si les Maures avaient préféré cette administration étrangère, mais lointaine, à celle de Juba, considéré aussi comme un étranger, mais présent. Il se peut que la flagornerie architecturale du roi ait tranché avec l’indifférence des préfets aux coutumes locales, il se peut que le coût de ses constructions et de la vie d’une cour hellénisante ait exaspéré les contribuables ; il se peut aussi que l’instabilité des pasteurs, à peu près contenue par Rome jusqu’en 25, ait été exacerbée par des années sèches et n’ait pu être maîtrisée par le faible Juba. On peut aussi penser que l’affrontement brièvement mentionné par Dion Cassius ne concerna que « les territoires gétules de Juba II » : nous ne sommes renseignés en effet que sur les opérations romaines dans les territoires de l’actuelle Tunisie méridionale et de la Libye actuelle ; nous ne savons rien de ce qui s’est passé dans les régions centrales du royaume. Notre ignorance de beaucoup d’aspects de son histoire intérieure ne permet que des hypothèses hasardeuses.
Toujours est-il que les Maures ont été ralliés par des semi-nomades vivant plus à l’est, les Musulames du sud-est de la Numidie et leurs voisins Gétules, et plus tard de véritables sahariens, les Garamantes du Fezzan actuel. Nous ignorons tout des opérations. L. Sempronius Atratinus mena une campagne à partir de 22 et célébra un triomphe en 21. Son successeur L. Cornelius Balbus lança plusieurs colonnes dans deux directions différentes (le Fezzan et le Hodna) afin d’une part de protéger les limites sud-ouest de la province contre la coalition gétulo-maure, et d’empêcher les Garamantes d’intervenir effectivement : il fit une incursion audacieuse jusqu’à leur capitale Garama (Djerma) et triompha des Gétules et des Garamantes en 19. Son impressionnante campagne procura un répit d’une vingtaine d’années, qui peut-être furent tout de même occupées par des effervescences ou des razzias épisodiques. Aussi une deuxième série de conflits occupe-t-elle les années 1 p.C. à 6, les adversaires étant encore les Gétules plus étroitement alliés, cette fois, aux Musulames et aux Maures. Ce fut Cn. Cornelius Lentulus Cossus qui fit campagne, avec l’appui militaire de Juba : Lepcis Magna fut délivrée de la menace venue du sud.
Auguste en tira des conclusions militaires et stratégiques, en décidant le contrôle de la steppe méridionale. La IIIe légion Auguste qui, selon Y. Le Bohec était peut-être casernée jusque-là quelque part dans la moyenne vallée du Bagrada, fut installée à Ammaedara (Haïdra). Elle ouvrit d’abord, à une date imprécisée, une route qui menait de la capitale à sa nouvelle garnison, et dans le courant de l’année 14 la grande voie stratégique qui reliait cette garnison à Capsa et plus loin au port de Tacape (Gabès). Les milliaires y furent posés avant l’apothéose d’Auguste. Ces mesures permettaient une meilleure surveillance des Musulames. C’est l’origine de la dernière grande révolte, celle de Tacfarinas, sous le règne de Tibère.
Source : Africa, quasi Roma (256 av. J.-C. — 711 ap. J.-C.) - Jean-Marie Lassere
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Date:
15 juin 21 av. J.-C.
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