15 Dez 1180 Jahr - Affrontement stratégique entre Qarāqūsh et Ibn Qarātikīn au Jabal Nafūsa
Beschreibung:
En 575/1180, Qarāqūsh arriva dans la ville de Suwayqa (située entre Tripoli et Syrte) à la tête d’une force de 400 soldats kurdes et turcs. Il forma alors une alliance avec le chef de la tribu des Dabbāb, une branche des Banū Sulaym, Ḥamīd b. Jāriya, qui accepta de le soutenir avec 5 000 combattants de sa tribu. Ensemble, ils progressèrent vers l’ouest en passant par Labda, Maslāta, la plaine de Tripoli, et finalement les contreforts orientaux du Jabal Nafūsa. Pendant ce temps, l’autre commandant ayyoubide, Ibn Qarātikīn, se trouvait également dans le Jabal Nafūsa, à la tête d’un petit contingent de Turcs et de Kurdes. Il avait déjà formé une alliance avec une autre tribu Sulaymī, les Zughb, rivaux des Dabbāb. Les relations entre Qarāqūsh et Ibn Qarātikīn étaient déjà tendues. Lorsque Ibn Qarātikīn apprit l’approche de Qarāqūsh, il se retira immédiatement plus à l’ouest dans le Jabal. Qarāqūsh voulait avancer lentement et gagner les Turcs et Kurdes qui servaient Ibn Qarātikīn à sa cause avant de risquer une bataille, mais Ibn Jārīya le pressa d’attaquer immédiatement, sous peine de perdre le soutien de ses Arabes.
Qarāqūsh et Ibn Qarātikīn s’affrontèrent dans un wādī du Jabal Nafūsa appelé Araqṭīn. Ils étaient accompagnés de leurs partisans venus d’Égypte et de leurs alliés arabes respectifs. Ibn Qarātikīn remporta la victoire en utilisant une ruse ingénieuse : il fit revêtir son armure à un page et monter ce dernier sur son cheval richement harnaché, tandis que, sans être repéré par l’ennemi, il prit position avec ses alliés arabes, les Zughb. Sachant que Qarāqūsh et ses guerriers turcomans se précipiteraient dès le début de la bataille vers l’endroit où ils croyaient le trouver, il espérait les détourner loin de l’action principale. Son plan fonctionna parfaitement. Qarāqūsh et ses compagnons poursuivirent celui qu’ils croyaient être Ibn Qarātikīn jusqu’à ce qu’ils découvrent qu’il ne s’agissait que d’un garçon. Entre-temps, ils s’étaient éloignés de leurs alliés arabes et de la véritable bataille.
Pendant ce temps, Ibn Qarātikīn avait réussi à convaincre la majorité des Arabes de Dabbāb de changer de camp. Avec les Zughb, ils pillèrent le camp de Qarāqūsh, alors que celui-ci poursuivait le page déguisé. Ils découvrirent que Qarāqūsh possédait 1 300 chameaux et que chacun de ses soldats turcs et kurdes disposait de trente chameaux pour transporter l’immense butin accumulé lors de leurs campagnes en Libye.
Lorsque Qarāqūsh réalisa l’ampleur de sa défaite, il fut contraint de se retirer, accompagné de seulement 140 Turcs. Il se réfugia dans le camp de son allié Ibn Jāriya, qui l’accueillit avec grande hospitalité. Lorsqu’il se plaignit de la trahison des guerriers Dabbābī à Araqṭīn, Ibn Jārīya lui assura que la trahison avait eu lieu à son insu. Qarāqūsh regroupa ses forces et conquit la ville de Tājūrā, à quinze kilomètres à l’est de Tripoli. Il reconquit la loyauté des Arabes de Dabbāb et attira également de nombreux Turcs de Qarātikīn à sa cause.
Sentant que sa position s’affaiblissait, Ibn Qarātikīn entra en négociations avec Qarāqūsh. Ils convinrent que Qarāqūsh exercerait son influence sur la moitié orientale du Jabal Nafūsa, y compris les villes de Ghiryān, Yifrān et la forteresse d’Umm al-ʿIzz, qui deviendrait le principal bastion et lieu de résidence de Qarāqūsh. Il conquit également les habitations des tribus berbères Lamāya, Zawāgha et Zuwwāra dans cette région. Ibn Qarātikīn et ses alliés Zughb gouverneraient la moitié occidentale du Jabal. Tout territoire que Qarāqūsh et Ibn Qarātikīn réussiraient à conquérir à l’ouest (c’est-à-dire les terres à l’ouest du Jabal Nafūsa, en Tunisie méridionale) serait divisé équitablement entre eux.
Source : Saladin, the Almohads and the Banü Ghaniya - The Contest for North Africa (12th and 13th Centuries) - Amar S. Baadj
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