15 Jun 980 Jahr - Conquête maghrâwa de l'émirat d'Aghmat des Aylana
Beschreibung:
Al Bakrî, qui parle de la ville au temps des Maghrâwa, évoque sa prospérité économique mais ne mentionne ni leur présence, ni leur domination politique. C’est probablement pour compléter l’emprise économique de la conquête de Sijilmâsa (en 980) que, peu de temps après, les Benî Khazroun s’emparèrent de la métropole commerciale d’Aghmat et qu’ils y installèrent des chefs Maghrâwa à la place des Aylâna. Des arrangements politiques furent certes recherchés avec les chefs Aylâna des ’Urîka, mais il est vraisemblable que le pouvoir économique fut enlevé aux populations du Deren. Les grandes sources ne donnent pas d’indications sur les modalités de la domination des Maghrâwa d’Aghmat, mais on peut imaginer qu’à l’image des Maghrâwa de Sijilmâsa, ils multiplièrent les impôts illégaux (magharem et nokous) et constituèrent de grandes fortunes capitalisées en cheptel.
La domination des Maghrâwa sur les populations du Deren (tout au moins sur celles qui gravitaient autour d’Aghmat) fut relativement courte, et elle fut définitivement remise en cause par la conquête almoravide d’Aghmat en 1056. Après avoir défait les Maghrâwa, les Almoravides laissèrent un gouverneur lemtunien, qui restaura la dîme légale.
Après avoir conquis les pays de Sijilmâsa et du Drâa ainsi que le Sous, la mouvance almoravide s’était attachée à soumettre les populations du Deren, une entreprise qui dura quelque deux années après la prise d’Aghmat. Cette conquête dut impliquer des allégeances et des engagements de respect des règles religieuses que prônaient les Almoravides, mais il est vraisemblable que cette soumission fut toujours réticente. Aussi l’un des premiers soucis des Almoravides fut-il de contrôler le piémont atlasique, le dir et les montagnes. Dès qu’ils le purent, ils abandonnèrent Aghmat ainsi que les foyers de turbulence des ’Urîka, et, en 1062, ils fondèrent la ville de Marrakech, à la fois place forte, point de défense contre les montagnes et grand centre commercial. Plusieurs forteresses furent édifiées au débouché des vallées pour renforcer le dispositif de contrôle. Cette politique imposa certes une soumission à la montagne, mais elle n’y gagna pas l’allégeance. C’est en effet des tribus du Deren que devait partir, vers 1130, le mouvement de révolte guidé par le Mahdi Ibn Tumert et qui allait emporter toute la construction politique des Almoravides.
Source : Les populations et les territoires du Maghreb du VIIe au XIe siècle (650-1050) - Grigori Lazarev
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